Le figuriniste moderne, dans l'ascension sans fin de ses montagnes de plomb et de plastique, doit faire face à deux défis majeurs : l'alimentation d'une balance des paiements souvent déficitaire, il faut le dire, et l'épineuse question du stockage de son trésor de guerre. Evidemment, le gros collectionneur aura tout à fait la place de classer dans l'annexe de son ranch ses 50 armées (pourquoi pas peintes et soclées par d'autres), étant donné que son budget consacré au jeu avoisine sans doute celui d'une petite commune rurale (non, je ne pense pas à
Rafpark en disant ça, mais plutôt au gros ricain). Pour les autres, stakhanovistes plus ou moins talentueux mais à l'inaltérable motivation, la passion a un prix et (presque) tous les moyens pour le faire baisser sont bons.
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Pas folichon, hein ? |
Maitre Morikun, bloggeur versatile et volubile, a ouvert il y a peu un petit dojo destiné à faire profiter les masses d'une technique affinée pendant de longues minutes d'une méditation intense : l'
Oyumaru-Do. Alléchant, non ? Il faut dire que le soclage, s'il peut se satisfaire de matériaux de récupération et de débrouille reste (relativement) chronophage et le temps libre reste une denrée qui se monnaye cher de nos jours. Heureusement, maître Morikun et son sens de l'à propos juridique (rappelons que toute copie d'oeuvre existante ne peut se faire qu'à des fins d'utilisation privée) et son enseignement aussi clair que l'eau d'un torrent de montagne et pourtant aussi exigeant que l'
iaijutsu sont là pour vous aider.
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Des socles, de la pâte durcissante, de l'oyumaru, c'est parti :) |
Etudiant curieux (et surtout intéressé par l'économie potentielle représentée par la discipline), je me suis donc lancé. Oyumaru ? Check. Socle à reproduire ? Check. Pâte séchant à l'air libre ? Check. J'ai repris les mêmes ingrédients que le maître, pour moins de 20€, on a donc de quoi reproduire un paquet de socles. On plonge l'Oyumaru quelques minutes dans l'eau bien chaude, on la sort, on presse les moules dans la pâte et une fois l'Oyumaru bien sec, on enlève le socle pour remplir le moule de pâte. Un peu de patience (une bonne journée en fait)... et on démoule délicatement, façon Top Chef, saisi dessus-dessous.
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Si le côté empreinte est nickel, j'ai salopé l'envers, ce qui nécessitera un peu de boulot avant utilisation, mais la reproduction est impeccable. |
Selon la qualité du moulage de votre modèle, vous obtenez un socle (ou un décor) utilisable rapidement. De quoi reproduire à la chaîne vos socles d'armées... et vous épargner de longs moments de soclage patient visant à obtenir une homogénéité salvatrice lorsque viendra le moment de pousser, de vos doigts boudinés, vos figurines peintes plus ou moins adroitement vers le champ de bataille. Pas question de s'emballer pour autant, on parle là d'une technique accessible, rapide mais somme toute grossière qui ne permettra pas de reproduire l'incroyable finesse d'un socle sculpté avec amour. Toutefois, entre cette technique et une poignée de sable jetée sur un bout de plastique, il y a tout de même un monde que l'étudiant de l'Oyumaru-Do se révèlera heureux d'avoir franchi quand il posera sa première figurine sur un socle dupliqué par ses soins.
Ca mérite bien un petit coup, un petit haïku même tiens.
D'un seul petit coup,
Poussé par les mots d'un maître,
Franchir un abîme.
Sayonara, et paf.